Rachat de SFR : Bouygues Telecom négocie avec Free la vente de son réseau
Dimanche 09 mars 2014 à 20:13. Mots clés utilisés: bouygues, free, sfrPour faciliter son mariage avec SFR, Bouygues annonce ce dimanche être prêt à céder son réseau d'antennes et ses fréquences de téléphonie mobile à son concurrent Free, dans le «Journal du Dimanche».
Sur le front de l'emploi, les syndicats de Bouygues Telecom et de Free se déclarent «pas inquiets» ou «rassurés».
Cette fusion rebattrait totalement les cartes dans la téléphonie mobile française que se partagent aujourd'hui quatre acteurs. Le leader, Orange, a aujourd'hui 27 millions de clients mobiles, SFR en a 21 millions, Bouygues Telecom 11 millions et Free 7,4 millions. Dans une interview au «Parisien dimanche» - «Aujourd'hui en France», Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, marque sa préférence pour un secteur avec trois opérateurs. Et pousse l'offre de rachat de Bouygues sur SFR face à celle de Numéricable.
Free et Bouygues mettent en avant le «bénéfice» pour les consommateurs
En milieu de journée, Iliad, la maison mère de Free, a confirmé avoir signé un accord de négociations exclusives avec Bouygues et Bouygues Telecom. Elle ne seront menées à terme «que dans l'hypothèse où l'opération de rachat de SFR par Bouygues aboutit et que les autorisations nécessaires sont obtenues». Iliad estime que «dans une configuration de marché revenu à trois acteurs, cette opération permettrait à Free Mobile d'accélérer sa dynamique commerciale ambitieuse au bénéfice du consommateur».
Bouygues Telecom considère que céder son réseau à Free apporte «une réponse aux impératifs de concurrence». «Sans atténuer la très vive concurrence qui règne sur le marché français, cet accord, tout comme la fusion Bouygues Telecom - SFR, contribuerait au retour du secteur de la téléphonie mobile à un équilibre permettant de dynamiser l'emploi, de réaliser les investissements souhaités par les pouvoirs publics et de développer la qualité de service et l'innovation au bénéfice des consommateurs», explique Bouygues dans un communiqué.
Selon le PDG de Bouygues Telecom, Olivier Roussat, cet accord devrait permettre à Bouygues et Free «d'abaisser (les) coûts». Il assure que la guerre des prix que se livrent les opérateurs dans le mobile, à l'initiative de Free, puis plus récemment dans l'internet, à l'initiative cette fois de Bouygues, devrait se poursuivre.
Free s'affranchirait de sa redevance à Orange
Bouygues se dit prêt à céder à Free «l'intégralité de (son) réseau mobile pour un montant pouvant aller jusqu'à 1,8 milliard d'euros», précise son PDG, Olivier Roussat, dans le «Journal du Dimanche». Free récupérerait des fréquences 4G et s'affranchirait de se redevance annuelle de 600 millions d'euros, versées à Orange pour utiliser une partie de son réseau, alors que le réseau de Free reste en construction. Cet accord, qui porte sur «15 000 antennes et un portefeuille de fréquences, dont une partie pour la 4G», est conditionné au fait que Bouygues acquiert SFR, mis en vente par Vivendi. La maison mère de SFR cherche à se séparer de sa filiale télécoms pour se recentrer sur les médias.
Un accord qui garantit l'emploi, selon Bouygues.
L'offre de Bouygues avait les faveurs de la Bourse, mais semblait poser un problème au regard des règles de la concurrence. «Je me félicite de cet accord (avec Free) permettant de présenter à l'Autorité de la concurrence un projet de fusion entre SFR et Bouygues Telecom assorti désormais de mesures assurant une forte concurrence par les infrastructures sur le marché français de la téléphonie mobile», commente Martin Bouygues, le PDG de Bouygues, dans ce commmuniqué.
Il assure que cet accord «permet aussi de garantir l'emploi». «Free souhaite entretenir le réseau avec ses propres agents, prévient Olivier Roussat. Et nous voulons garder nos 1 200 salariés qui y sont affectés. Notre réseau ne sera pas détruit. Au contraire, Free fera vivre les 15 000 antennes, qui seront devenues les siennes.» Pour Olivier Roussat, la fusion permettra d'investir dans les réseaux Internet et mobile et «créera de l'emploi. C'est le nerf de la guerre». Il ajoute qu'il souhaite développer en France les postes de téléconseillers et que toutes les boutiques seront conservées, afin d'éviter les files d'attente en raison de l'augmentation du nombre d'abonnés à la nouvelle entité. Le choix entre la conservation de la marque Bouygues Telecom ou SFR n'est, en revanche, pas encore déterminé.
Les syndicats "pas plus inquiets que ça"
«Aujourd'hui, par rapport à l'emploi, je suis pas plus inquiet que ça», a commenté Nicolas Faber, délégué syndical CFTC, le premier syndicat chez Bouygues télécoms (47%). «Depuis l'arrivée d'un 4e opérateur, on voit bien que c'est un marché qui est tiré par le bas en permanence. Aujourd'hui on est peut-être obligé de revenir à trois. Cela peut garantir une concurrence constructive», a-t-il ajouté. «Un réseau, ça coûte cher (...) et pour qu'un réseau puisse répondre aux demandes de nos clients, il faut impérativement qu'on arrive à le faire évoluer». Chez Free, «on est plutôt rassurés», a indiqué un délégué syndical CFDT, premier syndicat dans l'entreprise. «Nous développer davantage de manière fiable et performante sans passer par Orange est une garantie d'emploi pour nos salariés».
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