Au XIXe siècle, les livres n'étaient pas reliés de la même manière qu'aujourd'hui. Mais pour l'ouvrage du Français Arsène Houssaye, "Des destinées de l'âme", la méthode est rarissime et, qui plus est, un peu dégoûtante. Intrigués par l'aspect de sa reliure, des membres de la Houghton Library, la bibliothèque de la faculté Harvard, ont prélevé à divers endroits du livre des échantillons microscopiques avant de les faire analyser. Et leur découverte, racontée sur le site de la librairie et publiée sur Twitter fait froid dans le dos.

Les chercheurs disent être sûrs à "99,9 %" qu'il s'agit de peau humaine. "Nos études ont clairement éliminé d'autres types de matériaux de parchemin, tels que les moutons, les bovins et caprins (chèvre). Cependant, bien qu'elles étaient compatible avec l'homme, elles peuvent être étroitement liées à d'autres primates", expliquent sur le site de la Houghton Library Bill Lane et Daniel Kirby. Il s'agit plus précisément de la peau du dos d'une femme, une Française qui a séjourné dans un hôpital psychiatrique. Car avant de se retrouver à Harvard, le livre appartenait à un ami de l’écrivain, le Dr Ludovic Bouland.

Une pratique courante à l'époque

En regardant le livre de plus près, une note du médecin a été découverte, ne laissant aucun doute sur la nature de la reliure en question. "Ce livre est relié en peau humaine parcheminée, c’est pour lui laisser tout son cachet qu’à dessein on n’y a point appliqué d’ornement. Un livre sur l’âme humaine méritait bien qu’on lui donna un vêtement humain : aussi lui avais-je réservé depuis longtemps ce morceau de peau humaine pris sur le dos d’une femme. Il est curieux de voir les aspects différents que prend cette peau selon le mode de préparation auquel elle est soumise", peut-on lire.

Les chercheurs vont mener des analyses sur d'autres livres, mais à ce jour "Des destinées de l'âme" est la seule œuvre connue avec cette particularité à Harvard. Mais elle n'est probablement pas la seule au monde, car comme l'expliquent Bill Lane et Daniel Kirby "ce n'était pas le passe-temps horrible d'un seul individu". Car cette pratique a bien un nom : la bibliopégie anthropodermique. Elle était courante au XIX siècle, où les organes des criminels exécutés étaient donnés à la science, et leur peau donnée aux tanneurs et relieurs.